C'est dans les salons de l'hôtel de ville à Lyon, le Mercredi 4 Mars 2009 que l'association « la courte échelle » a rassemblé le 6eme forum des associations autour du thème de la scolarisation des élèves en situation de handicap : Qu'est ce qu'un bon accompagnement à l'école ? Qu'est ce qu'un accompagnement ? Y a-t-il des bons et des mauvais accompagnements ?
Depuis longtemps cette association travaille sur l'accompagnement des élèves en situation de handicap, rassemble d'autres associations ayant pour vocation de favoriser, de regrouper les compétences et les moyens pour promouvoir des actions favorisant l'intégration des jeunes élèves en situations de handicap, assure leur représentation dans les différents services de tutelle, travaille en partenariat avec l'éducation nationale et les associations qui ont des services A.V.S. et E.V.S, met en place tout un réseau d'accompagnants qui aujourd'hui, du moins depuis les années 90, s'appellent des A.V.S. ( auxiliaires de vie scolaire).
Ce forum rassemblait 362 personnes, professionnels, parents, enseignants, équipes médico-sociales, membres du tissu associatif.
15 ateliers sur la connaissance du handicap.
4 tables rondes :
- Quelle place en société pour l'élève en situation de handicap ?
- Elaboration du P.P.S. : qui fait quoi ?
- Les outils d'évaluation de l'accompagnement à l'école
- Droit de l'élève en situation de handicap.
La clé de voûte de cette matinée tourna autour de la loi de 2005. Si elle provoque bien des polémiques quant à sa mise en place, et ses difficultés d'articulation, elle a le mérite de faire bouger les lignes de chaque discipline, prête semble-t-il à faire allégeance à nos habitudes ancestrales, faire converger les efforts dont l'enfant est le sujet principal de cet accompagnement.
Le problème c'est comment ? Avec qui ? Avec quoi ?
Tout au long de cette matinée, dans chaque atelier, les chemins se croisent, s'étayent, il y a une réelle envie de se rencontrer, de se confronter, de réfléchir ensemble sur le comment faire advenir un P.P.S. ou Projet Personnel de scolarisation.
Comment, avec qui, comprendre l'aspect médical de chaque enfant, comment, avec qui saisir le bon geste, le bon moment, pour rendre perméable d'un côté l'instruction, de l'autre la communication avec ces enfants dont les difficultés sont souvent difficiles à saisir dans une classe qui a pour objectif la connaissance d'un programme que l'on appelle « les fondamentaux ».
La mise en place des A.V.S qui a commencé il y a déjà presque 20 ans s'est faite doucement année après année, souvent grâce à la volonté des parents et à leurs motivations, avec ses aléas. Elle se précise aujourd'hui avec la mise en place de la loi. Ce droit à l'école pour tous a aussi un corollaire : celui d'aménager ce droit, permettre aux A.V.S. une réelle formation. Permettre aux enseignants de faire leur travail, tout leur travail, avec une meilleure possibilité de coordonner, de créer des synergies avec les autres acteurs, trouver des plages de formation sur le handicap.
Cette demande de formation des A.V.S a retenu l'attention de tous les ateliers, cette formation dont le recrutement et la sélection sont difficiles tant le travail demandé est complexe, tant ce métier est si malmené, si mal rémunéré, qui n'entre toujours pas dans le « plan des métiers reconnus », tant il est besoin surtout d'un savoir faire et d'un savoir être. Leur statut et leurs contrats sont si aléatoires, que 20 pour 100 quittent leur emploi chaque année. Une enquête met en lumière qu'une formation demande 265 heures, ils n'en reçoivent que 60.
Les A.V.S ont un réel désir de travailler en partenariat avec les équipes médico-sociales et les enseignants, mais où et quand et comment se rencontrer ? Comment trouver sa place ? Tout reste à faire. Il n'en reste pas moins que bien des équipes se mettent en place avec efficacité avec aussi une nouvelle richesse. Bien sûr, il faut l'appui et l'aval de l'éducation nationale. Il y a encore beaucoup d'écoles qui n'ont pas d'A.V.S. pourtant 24600 A.V.S viennent d'être recrutés.
Pour mener à bien ce travail de coordination et de partenariat, il est impératif d'en dessiner l'architecture, d'y dessiner des passerelles et des ponts, des berges aussi pour prendre le temps de regarder, d'observer, ce qui se passe, puisque tout est nouveau. Les enseignants aussi ont besoin de nouveaux repères. Mais la France est en retard par rapport à ces objectifs, s'il y a un réel désir d'innover, de mieux connaître la différence chez ces enfants, la lourdeur de nos institutions, la lenteur de la bureaucratie, les restrictions budgétaires retardent la mise en place des projets. Toutefois, chaque région a son rythme et il y en a qui fonctionnent mieux que d'autres. Des villes pilotes comme Marseille, Lyon, Rennes, Paris ont commencé ce travail d'accompagnement avec les éducateurs et travailleurs sociaux depuis presque une vingtaine d'années, aujourd'hui, l'accessibilité des équipements est lisible dans 52% des écoles, 60% dans certains départements. Dans la région Rhône-Alpes 4 groupes scolaires neufs permettront d'emblée de recevoir ces jeunes en situation de handicap.
Sur le plan national, une analyse des besoins permet de dire d'ors et déjà que 500.000 enfants et parents ont pu bénéficier des services des M.D.P.H.
Pour mener à bien cet accompagnement vers une « automisation » de l'élève dans « cette dure école de la vie » comme le dit si bien Marcel Nuss, il est nécessaire de repérer les besoins, valoriser les possibilités des élèves en situation de handicap, ce qu'ils apportent aux autres enfants, et vice-versa, chercher les initiatives innovantes dans chaque écol, savoir transgresser ce qui est formel, créer des outils de travail et d'évaluations au cas par cas, partager les savoirs, c'est tout cela qui a été dit en séance plénière de l'après midi et qui m'a semblé très riche.
Si au Québec on appelle ces élèves en situation de handicap « des autrement capables », le 6eme forum proposé par l'association « la courte échelle » en dit long sur la métaphore, qui d'année en année trouve d'autres concurrents pour faire grandir et agrandir cet enrichissement des savoirs. L'association a conscience qu'en amont de cette journée, un réel travail continue pour mieux partager les compétences de chacun. Un savoir être, un savoir partager.
Il faudra du temps, mais un espoir de réussir cette gageure se lisait sur le visage des 362 personnes dans cette salle plénière des salons de l'hôtel de Ville de Lyon.