Un plan pour le polyhandicap

Un plan pour le polyhandicap !!!

Le 16 avril à Perpignan lors d’une conférence publique* sur le thème de : «La fraternité face au polyhandicap», Madame Ségolène Neuville Secrétaire d'Etat au  Handicap a laissé entendre la prochaine mise en place d’un plan pour le polyhandicap.

« Le handicap met notre société à l’épreuve de ses valeurs de solidarité et de fraternité » a t’elle dit et « toutes les politiques publiques, toute mon action et mon engagement sont dirigés vers un but commun : garantir l’inclusion et la participation sociale des enfants et adultes handicapés dans notre pays ». 

Après avoir souligné qu’il fallait porter une attention particulière aux situations de polyhandicap, Madame la ministre a déclaré : 

« Je considère qu’il faut … que nous puissions travailler tous ensemble à la mise en place d’un plan d’amélioration de la qualité de l’accompagnement, des soins et donc de la vie quotidienne des enfants et adultes en situation de polyhandicap ».

Et, pour un meilleur accompagnement elle propose  trois priorités : 

  • Faire progresser la connaissance et l’expertise de tous.
  • Agir tôt et soutenir les familles tout le long de la vie.
  • Garantir la citoyenneté des personnes et leur participation sociale.

Par ailleurs, elle se déclare favorable à ce que soit élaborée une recommandation de bonne pratique et demande aux associations qui y travaillent déjà  de lui faire part au plus vite de leur demande à ce sujet**. Je veux, dit-elle encore «laisser la place à la concertation, à la coconstruction avec les associations mais aussi les sociétés savantes, les associations gestionnaires et les professionnels ». 

Parents, notons enfin que Madame la ministre ne nous a pas oublié puisqu’elle souhaite  que les parents puissent bénéficier de programmes de soutien, de formation, d’aide à domicile et de répit.

* Conférence était organisée par Adepo66 http://cah.handicap66.fr/accueil/associations-fondatrices/adepo-66/

**Avec nos associations respectives, sachons saisir cette proposition et souhaitons que le plan polyhandicap annoncé ne fasse pas long feu, comme ce fut le cas en 2004 ou 2005.

Pour lire l’intégralité du discours cliquez sur lire la suite ci après

 

Discours de Ségolène NEUVILLE Secrétaire d’État chargée Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion --- Samedi 16 avril 2016  « La fraternité face au polyhandicap » Conférence publique de l’Association de défense des polyhandicapés (Adepo66)   Perpignan 

Madame la Sénatrice, Présidente du conseil départemental, Chère Hermeline MALHERBE,

Monsieur le Maire de Perpignan, Jean-Marc PUJOL

Monsieur le Président de l’Association ADEPO, Francis ROQUE

Monsieur le Président du conseil de l’ordre du Grand orient de France, Daniel KELLER

Mesdames, Messieurs, 

Je vous remercie de votre invitation à ouvrir votre conférence publique portant sur « la fraternité face au polyhandicap ». 

Votre conférence est l’occasion d’attirer l’attention de tous sur un handicap, sur des enfants et des adultes, des familles qui souffrent du regard porté sur eux. Il faut le dire, il existe encore dans notre société de nombreux préjugés, des idées fausses, des craintes et des peurs concernant le handicap en général et le polyhandicap en particulier.

Le handicap met notre société à l’épreuve de ses valeurs de solidarité et de fraternité. Votre conférence parle d’une fraternité face au polyhandicap. Permettez-moi de reformuler un peu :  

il s’agit pour moi d’une exigence de fraternité partagée avec les personnes en situation de polyhandicap.

Au-delà des mots, je veux en venir à l’essentiel et à ce que sont mes priorités dans mes fonctions de Secrétaire d’Etat en charge du handicap et de la lutte contre l’exclusion.

L’essentiel, c’est la citoyenneté des personnes handicapées. Et c’est bien ce principe inscrit dans la loi du 11 février 2005 mais aussi dans la convention internationale des droits des personnes handicapées que la France a ratifié en 2010. Cette citoyenneté est au cœur des orientations fixées par le Président de la République lors de la dernière conférence nationale du handicap, le 11 décembre 2014. 

Toutes les politiques publiques, toute mon action et mon engagement sont dirigées vers un but commun : garantir l’inclusion et la participation sociale des enfants et adultes handicapés dans notre pays.

Car il est fini le temps où la vie, l’avenir des personnes handicapées se résumaient à trouver une place dans un établissement. Il faut des établissements d’accueil et nous continuons à en créer mais la valeur de fraternité que nous portons tous ici nous oblige à nous poser une question simple : sommes-nous fraternels avec nos concitoyens en situation de handicap lorsque nous leur proposons des perspectives de vie sociale très différentes de celles que nous souhaitons pour nous, nos enfants, nos familles ?

Je le dis sans jugement ni moralisation. Je le dis comme une exigence collective qui doit commencer très tôt dès l’école, au centre de loisirs, et plus tard dans l’emploi, le logement…etc.

Et c’est tout cela que le gouvernement met en œuvre et un premier bilan sera prochainement fait en présence du Président de la République qui a souhaité qu’un point annuel des mesures décidées lors de la dernière conférence nationale du handicap soit fait avant l’été.

Nous partageons, je le sais, ces mêmes exigences, ces mêmes valeurs concernant le polyhandicap.

Je suis particulièrement sensible et attachée à ce que les conditions de vie, d’accompagnement et de soins pour les enfants et adultes polyhandicapés s’améliorent.

J’ai eu l’occasion d’échanger localement à de nombreuses reprises avec Francis ROQUE, Président de l’ADEPO, et notamment lors de la visite de la maison d’accueil spécialisé « FilArmonie » en octobre 2014. 

J’ai également pris connaissance des nombreuses contributions et propositions faites par les associations nationales telles que l’UNAPEI ou le CLAPEAHA, ou encore le GPF. Je suis en dialogue constant avec toutes les associations mais aussi les experts et sociétés savantes qui s’intéressent au polyhandicap.

Je veux donc vous dire aujourd’hui plusieurs choses.

D’abord, il est important de rappeler que l’ensemble des mesures et réformes engagées par ce gouvernement dans le domaine du handicap s’appliquent et concernant le polyhandicap. Je ne les détaille pas ici, chacun connait ces mesures.

Pour autant, il est clairement établi que nous devons avoir une attention particulière aux situations de polyhandicap. 

En 2004, un plan polyhandicap a été élaboré par les associations et proposé au gouvernement de l’époque. Il n’a pas eu de suite.

Depuis ce temps, il est réclamé un plan polyhandicap comme il y a aujourd’hui un plan autisme. C’est une demande légitime, non contestable au vu des besoins des personnes et de l’attente des familles.

Je considère donc qu’il faut en effet que nous puissions travailler tous ensemble à la mise en place d’un plan d’amélioration de la qualité de l’accompagnement, des soins et donc de la vie quotidienne des enfants et adultes en situation de polyhandicap.

Il faut « mieux accompagner » les personnes en situation de handicap

Je partage la conviction avec l’ensemble des associations et des experts que ce plan d’amélioration devrait porter sur trois  priorités essentielles : 

 Mieux accompagner le polyhandicap, c’est d’abord faire progresser la connaissance et l’expertise de tous.  Mieux accompagner le polyhandicap, c’est agir tôt et soutenir les familles tout le long de la vie.  Mieux accompagner le polyhandicap, c’est aussi garantir la citoyenneté des personnes et leur participation sociale.

Sans présager de ce que nous pourrions construire ensemble autour de ce plan d’amélioration, je souhaite vous faire part de quelques actions qui me semblent importantes à très court terme.  

Concernant la meilleure connaissance du polyhandicap, les données scientifiques et les bonnes pratiques professionnelles, je suis favorable à ce que la Haute Autorité de Santé et l’Agence nationale d’évaluation des établissements sociaux et médico-sociaux (l’ANESM) puissent élaborer une recommandation de bonne pratique. Je sais que des sociétés savantes et des associations y travaillent. Je leur demanderai donc de me faire part au plus vite de leur demande officielle afin que je puisse, avec Marisol TOURAINE, soutenir cette initiative auprès des deux agences.

Il faut aussi faire du polyhandicap une priorité de formation pour les équipes de soins et d’accompagnement et particulièrement celles des établissements et services médico-sociaux. Je sais aussi que la qualité de l’accompagnement et des soins passent par des moyens humains suffisants et spécialisés dans les établissements. C’est pour cela que j’ai fait inscrire dans la circulaire budgétaire 2016 le polyhandicap comme priorité fixée aux Agences régionales de santé. C’est une première étape et un premier signal.

Nous savons bien que l’existence de recommandations de bonne pratique déclinée en programmes de formation permet aux professionnels d’utiliser les bons outils d’évaluation et les bonnes techniques d’accompagnement et de soins. Nous ne partons pas de rien dans le domaine du polyhandicap. Ce sont par exemple les outils de communication qui sont essentiels. C’est aussi les techniques de stimulation car, c’est important, un enfant polyhandicapé a des compétences, des capacités et peut progresser tout le long de la vie. Nous voyons encore trop d’endroits où les adultes en situation de polyhandicap, ou ayant une autre forme de handicap à faible autonomie, ne sont plus stimulés pour apprendre et progresser dans les gestes de la vie quotidienne et de la vie sociale. Ce renoncement est contraire aux valeurs de fraternité et de solidarité que nous portons ensemble.

Le renoncement, l’épuisement, les familles le ressentent au quotidien car c’est une attention de chaque seconde, jour et nuit, que les parents ont la nécessité de réserver à leur enfant ayant un polyhandicap. Il faut donc les soutenir, les aider concrètement. Je suis donc favorable à ce que les parents puissent bénéficier de programmes de soutien, de formation, d’aide à domicile mais aussi de répit. Nous savons le faire pour d’autres situations de handicap et des expériences existent déjà pour le polyhandicap. Je propose donc que la CNSA puisse être chargée de réfléchir à cette question avec les associations et les professionnels.

Permettez-moi à ce stade de ne pas aller plus loin, plus en détails par rapport à cette proposition de plan d’amélioration. Je veux laisser la place à la concertation, à la coconstruction avec les associations mais aussi les sociétés savantes, les associations gestionnaires et les professionnels. 

J’aurais l’occasion de m’exprimer à nouveau devant l’assemblée du Grand Orient de France à Paris, le 28 mai.

D’ici là, je poursuivrais le dialogue avec les associations nationales qui m’ont fait part de leurs propositions.

Je veux aussi vous dire toute l’importance que le Président de la République attache au handicap. Il en a fait clairement une priorité de son quinquennat.

Je vous l’ai dit, le Président de la République a souhaité réunir bientôt la conférence nationale du handicap. Ce sera un grand rendez-vous citoyen et fraternel pour la pleine citoyenneté des personnes handicapées autour du Président de la République.

Je vous y donne donc rendez-vous également.

Mesdames, Messieurs, ma présence ici ce soir témoigne de mon engagement et de ma détermination sans jamais céder sur les valeurs et les principes qui fondent notre République.

Je vous remercie de votre implication dans cette exigence collective autour du handicap.

Je vous souhaite d’excellents échanges et débats.

Je vous remercie.

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